Mi-avril, la Zone À Défendre de Notre-Dame-des Landes a soumis des projets au gouvernement. Parmi ceux-ci le Taslu, la bibliothèque de la #ZAD, ne pourrait pas rester sur place, au motif qu’il ne s’agit pas d’un projet « agricole ».
« Créée d’une volonté commune, la bibliothèque a vu le jour le 11 septembre 2016 à Notre-Dame-des Landes : les livres ne manquaient pas dans la ZAD, mais les regrouper, proposer trois permanences chaque semaine, dans l’après-midi, lui auront conféré une tout autre dimension. » Le Taslu est vécu et raconté dans cet article de Nicolas Gary comme un « outil commun pour les habitant.e.s de ce bocage ».
Rappelons également que le Taslu, accueille la Communauthèque, projet documentaire sur les Communs, lancé par SavoirsCom1 (collectif engagé pour le développement de politiques et d’initiatives liées aux communs de la connaissance). Il se décline en deux branches :
- un travail bibliographique visant à référencer les documents de tous types touchant au concept de communs. Au delà d’une simple liste, il s’agit de créer une plateforme bibliographique numérique, enrichie de manière collaborative (voir ce groupe Zotero).
- la création du premier fonds documentaire physique francophone sur les communs. L’idée est de constituer ce fonds en double exemplaire, localisé dans :
- un lieu symbolique des communs : la bibliothèque de la Zad de Notre-Dame des Landes, le Taslu.
- un lieu sécurisé et accessible au public : le CEDIDELP (Centre de documentation internationale pour le développement, les libertés et la paix), à Paris: http://www.cedidelp.org/
Alors que « toutes les bibliothèques ne se valent donc pas aux yeux de l’État et du président » souligne Nicolas Gary, quel avenir pour le Taslu ? Et, comme en appelle Lionel Maurel, comment défendre ce commun ?
Cela a donc l’air officiel à présent : le Taslu, la bibliothèque de la #ZAD, ne pourrait pas rester sur place, au motif qu’il ne s’agit pas d’un projet « agricole ». Le gouvernement ira-t-il jusqu’à la faire expulser ? Et le laisserons-nous faire ? #Communshttps://t.co/xLQZaioAyo
— S.I.Lex (@Calimaq) May 7, 2018
Extrait :
Le 26 avril, un projet coopératif avait été tenté, permettant de respecter « le bien commun et la biodiversité et permettrait une désescalade à Notre-Dame-des-Landes ». En effet, en dépit des dossiers nominatifs, « rien n’assure pour l’instant que le gouvernement ne relance pas de nouvelles expulsions des lieux de vie et des fermes, avec le risque d’une nouvelle escalade de la violence ». (voir ici)
Sur l’ensemble des dossiers, on savait déjà qu’une quinzaine allait poser problème à la préfecture. Parmi ceux-là, le projet de la bibliothèque du Taslu. Loin des approches strictement agricoles, cette dernière mettait en avant son projet originel : des ouvrages sur l’antipsychiatrie, les banlieues ou les lieux d’enfermement. D’ailleurs, la préfète aurait même trouvé fantasque cette idée de bibliothèque rurale, « ce qui peut être intéressant ». (via Reporterre)
Mais l’intérêt préfectoral s’arrête manifestement où commencent les enjeux jupitériens, apprend-on.
[…]
Le devenir de la bibliothèque Le Taslu, qui n’aura donc pas d’avenir, en l’état, puisqu’elle ne porte pas de projet agricole. Ces derniers ne sont en effet pas « étudiés par les services de l’État pour le moment, car ceux-ci se concentrent exclusivement sur les projets agricoles. Bien que nous ayons proposé à de multiples reprises de voir d’autres services pour pouvoir pérenniser les projets para-agricoles et socio culturels, nous avons fait face à une fin de non-recevoir. Il est donc impossible de savoir à l’heure actuelle si ces projets, tels le phare et la bibliothèque, sont effectivement en danger. » (via Presquile Gazette)
Toutes les bibliothèques ne se valent donc pas aux yeux de l’État et du président. La Fontaine l’a écrit voilà bien des années dans ses Fables : « Selon que vous serez puissant ou misérable,/Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »