Dans une tribune du chercheur Fabien Locher, le CNRS et Libération reviennent sur la « tragédie des communs », article que le biologiste Garett Hardin a écrit en 1968 et qui soutenait qu’il n’existerait que deux manières de gérer une ressource, par l’État ou par le marché.
Cette thèse a longtemps été l’argument clé pour la mise en place de politiques écologiques favorables au libéralisme.
Dans les années 1980 et 1990, le récit du pâturage hardinien est populaire au sein des administrations américaines, des institutions internationales et des firmes promouvant les privatisations et le « free-market environmentalism ». Le raisonnement est appliqué aux ressources forestières, aux bassins hydriques, aux terres agricoles, mais aussi à l’atmosphère ou aux ressources marines, auxquels il s’agit d’étendre des logiques d’appropriation passant par la privatisation ou la création de marchés de droits d’usage.
Mais ce raisonnement a depuis été remis en cause, notamment par les travaux de Elinor Ostrom, qui a obtenu en 2009 le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel.
[Garett Harding] confond ce qu’il appelle des « communs » (commons) avec des situations de libre accès où tout le monde peut se servir à sa guise. Or, le terme de « communs » […] désigne des institutions grâce auxquelles des communautés ont géré, et gèrent encore aujourd’hui, des ressources communes partout dans le monde, et souvent de façon très durable.
[…]
Depuis les années 1970, les sciences sociales ont documenté empiriquement des centaines de cas de communautés présentes ou passées gérant durablement leurs ressources sous le régime de la propriété commune.
Malgré les preuves nombreuses et variées qui démontent, le raisonnement fait toujours recette, et il paraît important de le rappeler.
Source sur le site du CNRS et de Libération
- https://lejournal.cnrs.fr/billets/la-tragedie-des-communs-etait-un-mythe
- http://www.liberation.fr/debats/2018/01/04/la-tragedie-des-communs-une-idee-tragique_1620379