Le mardi 4 juin 2019 de 18h30 à 21h se tiendra une session de l’Université du Bien commun intitulée « Territoires, lieux de vies : comment les transformer à la lumière des biens communs ? ».
Lieu : à la Maison du Libre et des Communs – 226 rue Saint-Denis, 75002 Paris (M° Strasbourg Saint Denis) de 18 h 30 à 21h00 – accueil à partir de 18 h 00. Entrée libre et gratuite (dans la limite des places disponibles)
Inscriptions : https://framaforms.org/universite-du-bien-commun-a-paris-ateliers-et-debats-1558442485
Session proposée par Jean-Pascal Derumier à l’occasion de la parution de son dernier livre aux éditions Libre&Solidaire « Territoires : lieux de vie – Redonner le pouvoir aux citoyens »
Pour répondre aux enjeux de la transition et faire face à la crise systémique actuelle, un des impératifs est de retisser les liens entre l’économique, le social et l’environnemental en s’appuyant sur les biens communs. L’espace privilégié de cette réconciliation est à notre sens celui des territoires, car c’est à cette échelle « humaine » que peuvent s’expérimenter des formes de résistance au modèle actuel, se tisser de nouveaux liens, de nouvelles solidarités et de nouvelles coopérations nécessaires à la réinvention de modèles socio-économiques plus justes et plus respectueux de l’environnement. C’est aussi à cette échelle que le citoyen peut retrouver foi et crédit en une action politique incapable d’apporter, sur le plan national, une réponse pertinente aux défis actuels.
Au-delà des villes et villages qui restent à dimension humaine, les territoires propices à cette réinvention sont aussi des interstices locaux au sein desquels se développent des « communautés de destin » et où s’inventent de nouvelles pratiques, des nouvelles formes de vivre ensemble, de nouvelles façons de créer de la valeur, etc.
Le monde doit changer. Il est en train de changer en profondeur à partir des territoires, sous l’impulsion des citoyens et plus globalement de la multitude des acteurs territoriaux, dont il convient de mobiliser l’intelligence collective autour de la préservation des biens communs et le développement des communs. Quoi faire et comment faire pour soutenir cette dynamique de transformation ? C’est la question à laquelle nous essayerons de répondre tous ensemble durant cet atelier.
Programme
Coordonné par Jean Beaujouan et Cristina Bertelli, l’atelier s’ouvrira en donnant la parole aux personnes présentes pour connaitre en quoi le thème du débat les concerne, leurs questions ou leurs attentes.
Interventions :
Gilles Yovan : A la lumière de certains aspects historiques, il explicitera les notions de commun et de biens communs afin de les mettre en perspective par rapport aux enjeux territoriaux actuels. Qu’est-ce que les biens communs peuvent-ils donc qualifier aujourd’hui à l’échelle d’un territoire ? Un accès plus ou moins gracieux à des biens, des ressources et des services ? Des terroirs préservés ? Des espaces et des infrastructures partagées ? La mutualisation et la valorisation de technologies, de savoir-faire, de savoir-vivre, de traditions …? Il est cependant probant, au regard des initiatives existantes, que le « commun » du territoire (dénommé commun urbain en ville) a partie liée – mais pas exclusivement – avec la mise en œuvre d’une « transition » écologique entravée au niveau du global. Dans cette voie, le ressourcement du territoire à l’aune du commun ne signifie donc en rien un repli sur le localisme. Bien au contraire il exprime la capacité d’agir d’une pluralité d’acteurs en relation pour répondre localement à des enjeux globaux, cela dans une dimension à la fois d’exemplarité et d’expérimentation, tant en matière de démocratie contributive que de solutions micro-fondatrices aux problèmes planétaires dans de nombreux domaines.
Patrick Pénicaud : il nous parlera de la question des communs au travers du projet culturel et sociétal porté par l’association magnycoise Ecovortex (culture et développement durable) qu’il a proposé à la commune de Magny les Hameaux située à St Quentin en Yvelines, et au sud de plateau de Saclay dans l’Essonne. « La terre n’appartient pas à l’homme mais l’homme appartient à la terre. » La question des territoires remise dans la perspective des biens communs, pose celle de la césure conceptuelle propre à l’Occident entre culture et nature, comme l’explicitait Philippe Descola, et que nous retrouvons notamment dans la religion chrétienne (St Thomas d’Aquin), puis dans l’humanisme, qui mettent l’homme au centre, « au dessus » du reste (animaux, plantes, minéral…). De nos jours, la science montre bien que nous avons plus de choses en commun (avec les animaux, par ex.) que de différences. Mais le modèle anthropocentrique reste prégnant. On continue de parler de « ressources naturelles » comme d’une corne d’abondance perpétuelle nous prodiguant les éléments nécessaires à notre existence. Ce regard est à l’origine de l’épuisement des dîtes ressources et des dommages écologiques dont nous sommes victimes et artisans. C’est cette relation au monde faussée qui, lors d’un temps convivial, artistique et culturel impliquant les habitants d’une commune « rurbaine » (entre ville et campagne), sera remise en question. Sur ce point, l’inspiration biomimétique, loin d’un romantisme naïf, peut nous guider vers les forces coopératives et d’entraides, loin de l’invention de la guerre, du chaos, des souffrances et frustrations nées de pouvoirs autocentrés et prédateurs. Il en va du développement de notre appréhension sensible et partagée, base de conscience responsable, et de vraie liberté.
Jean Pascal Derumier : après avoir précisé ce que recouvre la notion de territoire, il traitera des perspectives de développement et d’évolution des territoires au regard des communs et des différents principes d’action à partir desquels on peut envisager la transformation à venir des territoires. Son intervention s’appuiera, pour une bonne partie, sur le contenu du livre qu’il vient de publier aux éditions Libre&Solidaire « Territoires : lieux de vie – Redonner le pouvoir aux citoyens »
Le débat : Retour sur les questionnements du public. Dans le cadre de leurs exposés respectifs, les trois intervenants auront tenté de répondre aux différentes questions posées par les participants en début de séance.
Le débat qui suivra permettra à ceux-ci d’exprimer leur point de vue sur les perspectives concrètes d’une évolution des territoires à la lumière des Biens Commun et du projet présenté par Patrick Pénicaud ou de projets de nature similaire auxquels ils sont eux-mêmes associés ou dont ils ont connaissance.
Clôture : Cristina Bertelli (Les périphériques vous parlent, co-fondatrice de l’Université du Bien Commun à Paris) évoquera le développement de la « Carte d’Identité Mondiale Habitant de la Terre (CIM) », une initiative née lors de l’Agora des habitants de la terre qui s’est tenue en Italie en décembre 2018 sous l’égide de Riccardo Petrella. Bien que dépourvue de valeur juridique, cette CIM a délibérément une valeur symbolique, humaine, sociale, politique. Elle est délivrée par des Communes ou des collectivités /communautés locales à toutes les personnes, de tous âges, qui habitent la Commune et en font la demande expresse. Plusieurs conseils municipaux en Europe et en Amérique du Sud ont voté une délibération spécifique leur permettant d’émettre la Carte d’Identité Mondiale. D’autres villes, comme Berlin ont ouvert la réflexion sur cette possibilité.
Les intervenants :
Jean Beaujouan est consultant, formateur et psychologue clinicien. Depuis plus de quinze ans, il accompagne des personnes surendettées ou financièrement fragiles. Il a notamment créé les associations Crésus Île-de-France et Osons parler argent.
Gilles Yovan : outre une activité artistique polyvalente et de formation philosophique, il est engagé depuis plus de 27 ans dans une dynamique pluridisciplinaire avec l’association et revue Les périphériques vous parlent dans le champ de l’expression de la citoyenneté à travers différents projets (dont l’Université du Bien Commun à Paris) : Travail et Démocratie, lutte contre les discriminations, lancement d’alerte et prévention des risques toxiques, valorisation des formes de démocratie directe, valorisation des pratiques culturelles ultramarines, promotion des vins vivants et naturels…
Jean Pascal Derumier est spécialiste du management des organisations et de l’innovation. Il a passé l’essentiel de sa carrière à la SNCF dont 10 années comme consultant interne sur les aspects management/organisation et 10 années à la direction I&R. Il a créé en 2015 son entreprise de conseil et s’est progressivement orienté dans l’accompagnement des territoires en transition. Il est également membre fondateur de diverses associations dont Innovation Citoyenne et Développement Durable (ICDD) et plus récemment l’UBC. Il est auteur de 4 livres. Les trois premiers portent sur l’innovation et le dernier sur la (nécessaire) transition territoriale.
Cristina Bertelli : Galeriste en Italie, elle fonde ensuite à Paris avec Marc’O en 1991 le Laboratoire d’Etudes Pratiques sur le Changement ainsi que l’association Star/les périphériques vous parlent dans le but de favoriser la créativité comme «condition de transformation sociale». Elle a impulsé plusieurs projets culturels internationaux (Unesco), réorganisé autour de la sauvegarde de l’eau la fondation France Libertés-Danielle Mitterrand et, depuis 2008, elle coopère avec la Fondation Fiumara d’Arte pour le développement de projets artistiques à visée sociale avec les habitants du quartier populaire de Librino (Catane-Sicile). Elle est co-fondatrice, avec Riccardo Petrella et Fréderic de Beauvoir, de l’Université du Bien Commun à Paris.
Bonjour à toute l’équipe de l’UBC,
et merci pour les rencontres du 4 juin dernier.
Chère Cristina Bertelli, comme vous l’avez proposé, pourriez-vous m’adresser le rapport de l’Agora des habitants de la terre qui s’est tenu à Verona en décembre dernier, et d’éventuels liens pour suivre l’organisation de la prochaine à Lisbonne?
Merci encore et à bientôt,
amitiés,
Aline Bergé
(MCF en littératures francophones et SHS au dpt de DFLE de l’UFR Littérature, Linguistique et Didactique (LLD), de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, travaux en littératures francophones et humanités environnementales, membre du collectif interuniversitaire Zonezadir, etc. (UMR 7172 THALIM)