Benjamin Coriat, auteur de l’ouvrage Le retour des communs. La crise de l’idéologie propriétaire et membre des Économistes atterrés, propose dans Médiapart d’analyser en quoi, pourquoi et par quels liens doit-on associer Covid et anthropocène.
Extrait du premier volet de cette série d’articles :
Beaucoup a été dit et écrit à propos du Covid 19 depuis que la pandémie s’est abattue sur le monde. Pourtant, et c’est la motivation profonde qui anime cet article, des choses essentielles semblent n’avoir pas été entendues, ou en tous cas n’avoir été que très insuffisamment relevées. A commencer par celle ci : la pandémie du Covid 19 n’est pas une pandémie quelconque, une pandémie de plus – comme celles que furent en d’autres temps les pandémies de la peste, de la variole ou de la fièvre jaune… pour ne citer que les plus terribles d’entre elles. Non. La pandémie du Covid 19 a ceci en propre qu’elle marque de manière indubitable le fait que l’âge nouveau dans lequel nous sommes entrés, celui de l’anthropocène, est et sera aussi celui de la multiplication des épidémies et des pandémies dans l’ensemble de la planète. Cette vérité nouvelle, si sa signification pleine est enregistrée, amène nécessairement un ensemble de bouleversements considérables dans la manière d’envisager et d’analyser le monde dans lequel nous sommes désormais entrés. Comme évidemment elle conduit à un ensemble d’implications majeures sur la manière de s’y comporter et de faire face aux défis inédits auxquels nous sommes désormais confrontés. C’est sur ces sujets que porte la réflexion que nous proposons dans cet article.
Plus précisément, c’est autour d’une triple interrogation que la réflexion est conduite. Les trois questions que nous voudrions commencer à explorer sont :
En quoi, pourquoi et par quels liens doit-on associer Covid et anthropocène ?
Cette association étant établie, la question posée est alors celle de s’interroger sur les outils intellectuels et conceptuels dont nous disposons pour « penser » cet âge nouveau.
Enfin, le dernier objectif que nous nous proposons est de commencer à énoncer les implications de la situation nouvelle en matière de politiques publiques ; le simple bon sens indiquant en effet que la panoplie des outils classiques utilisés jusqu’ ici, devra être sérieusement révisée, repensée et réarticulée, si du moins l’on entend se hisser au niveau des défis nouveaux qui s’affirment.
Source : https://blogs.mediapart.fr/les-economistes-atterres/blog/300420/sars2-et-anthropocene-significations-et-enjeux-pour-la-politique-publique