Repenser les Communs culturels comme des « Communs sociaux »
…Plus exactement, c’est le « commoning[6] » – à savoir l’agir ensemble, la capacité d’auto-organisation et la pratique instituante des groupes – qui constitue dans tout Commun la matrice essentielle et la source de la dynamique sociale dont ils sont les vecteurs. Peu importe au fond qu’un commun soit « naturel » ou « culturel », qu’il soit matériel ou immatériel, car il n’est de Commun que « social »[7]. Or c’est cette dimension sociale des Communs culturels qui, jusqu’à présent, est restée dans l’ombre ou, de manière plus problématique encore, a pu conduire à parler de « Communs culturels » alors même que cette dimension sociale est en réalité absente ou très réduite.
Ces considérations plaident pour un réinvestissement de la notion de « Communs culturels » en procédant à leur redéfinition en tant que « Communs sociaux ». Cette réorientation a d’abord un intérêt théorique, car elle permet de sortir des limites de la propriété intellectuelle dans lesquelles la réflexion sur la dimension culturelle des Communs est trop longtemps restée enfermée. Mais l’appréhension en termes de « Communs sociaux » favorise aussi l’investissement d’autres terrains, comme ceux du droit social ou des droits culturels, qui peuvent offrir l’occasion de recomposer les alliances au sein des mouvements sociaux intéressés par ces questions…
…Il y a donc dans la manière même dont les Communs culturels ont été pensés jusqu’à présent quelque chose de défectueux finissant par nous orienter vers des objets qui ne correspondent pas à ce que beaucoup considèrent aujourd’hui comme le cœur de la théorie des Communs : à savoir le commoning lui-même, la capacité d’auto-organisation des groupes humains et leur faculté à enclencher des dynamiques instituantes originales, avec une visée de transformation sociale dans le sens de la justice, de l’inclusion et de la démocratie.
L’article passionnant de Lionel Maurel est à lire ici