Mireille Bruyère et Benjamin Coriat présentent dans Libération le nouveau livre des Economistes Atterrés « Changer d’avenir », qui évoque la question des Communs.
Extrait de l’interview
vous plaidez pour une conquête des communs en lieu et place de la propriété publique… Mais que recouvre cette notion ?
M.B. : Le commun, qui consiste en des formes multiples de propriété partagée sur des ressources produites et gérées par des acteurs qui exercent ensemble la gouvernance de ces ressources, entend refonder l’idée de contrôle citoyen et de démocratie, que ce soit pour des initiatives locales comme les coopératives ou pour les biens publics qui aujourd’hui font l’objet d’une véritable privatisation rampante.
B.C. : Nous n’opposons pas services publics, biens publics et communs. Nous disons simplement que lorsque les services publics ou le bien public font l’objet de détournement, ou d’attaques, alors restituer au bien public sa dimension de commun permet de protéger les ressources concernées de ces attaques. Pour ne prendre qu’un seul exemple : à Naples, c’est sous le mot d’ordre «l’eau est un bien commun» qu’il a été possible aux Napolitains de s’opposer aux privatisations voulues par Berlusconi et d’introduire des changements importants dans la manière traditionnelle de gérer l’eau des villes. Instaurer une catégorie juridique nouvelle de «bien commun» (à côté des celle de «bien privé» et de «bien public») permettrait de protéger nombre de ressources promues en «biens communs» à la fois contre les privatisations et contre les risques d’abus de pouvoir par le gestionnaire public.
Source : Libération.