Le groupe thématique Agriculture et Souveraineté Alimentaire d’Ingénieur·es sans frontières (ISF) regroupe des citoyen·nes et des professionnel·les œuvrant pour la réalisation de la souveraineté alimentaire et des modèles agricoles respectueux des équilibres socio-territoriaux et écologiques. Il se place dans une perspective de transformation sociale.
Agrista a élaboré une proposition de politique alimentaire, via la mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation.
Extraits :
Nous sommes convaincus que seul un projet de souveraineté alimentaire répond aux enjeux de la faim dans le monde, qui sont avant tout des enjeux politiques d’accès des populations à l’alimentation produite – nous produisons suffisamment pour nourrir 12 milliards d’humains, et actuellement 1 milliard de personnes sont en situation de sous nutrition dans le monde, dont 700 millions de paysans, alors que nous ne sommes que 7 milliards. A cet enjeu d’accès à l’alimentation s’ajoutent également la question des conditions de production agricole, déterminantes pour l’accès à une nourriture diversifiée, de qualité, dans le respect des travailleurs·euses et de l’environnement. Celles-ci sont surtout déterminées par l’accès des producteurs·ices aux moyens de production alimentaire et à des marchés rémunérateurs.
Enfin, l’alimentation est un puissant marqueur social et culturel. Il convient de viser le respect des identités multiples et de la dignité de chacune et chacun à travers le choix de son modèle alimentaire. La question qui nous préoccupe est donc : comment permettre à tous et toutes d’avoir accès à une alimentation choisie, de qualité, respectant l’environnement et ses travailleurs·euses ? Afin d’alimenter un débat déjà riche au sein du monde militant sur ces questions, nous souhaitons présenter le projet d’une sécurité sociale alimentaire, en établissant un parallèle avec ce qui existe déjà en France pour l’accès de tous et toutes à la santé.
[…]
Le but recherché via la mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation est de sortir l’alimentation, un champ d’activité humaine aujourd’hui libéralisé et marchandisé, le plus possible du capitalisme. Il est certain qu’un tel projet irait à l’encontre d’un certain nombre d’acteurs, en premier lieu la grande distribution et l’agro-industrie qui verraient leur taux de profit fondre dans le secteur alimentaire. Ne pas croire que ces acteurs se jetteraient avec férocité dans une bataille contre notre projet s’il venait à devenir crédible dans la société, serait faire preuve d’une grande naïveté.
On pourrait alors objecter que, quitte à mener une telle bataille, autant envisager une révolution qui résoudrait tout autant la question alimentaire comme tant d’autres. L’idée n’est pas pour nous de penser que l’alimentation est une priorité absolue sur toute autre thématique socio-politique. Assurément le logement, l’énergie, la mobilité et tant d’autres thématiques sont tout aussi importantes à traiter. Cette proposition est un appui à repenser collectivement la gestion des communs, en commençant ici par la dimension agroalimentaire. Et nous invitons tout le monde à s’en emparer.