Dans la revue Etudes, un résumé de l’ouvrage collectif « Le bien commun par-delà les impasses », paru en août dernier.
Coulé dans le courant de la tradition sociale chrétienne, le bien commun fut, durant deux siècles, supplanté par la notion moderne d’intérêt général. Le bien commun renaît aujourd’hui. Car, dans une société complexe limitée par une conception trop étroitement contractuelle du lien social, l’intérêt général permet de penser dans un face-à-face le collectif et l’individuel, mais pas l’être humain dans ses relations interpersonnelles. C’est le mérite du colloque, tenu voici deux ans à l’Université de Fribourg (Suisse), que de faire droit aux multiples harmoniques du bien commun, à la fois dans sa genèse historique et dans son mode opératoire actuel. L’espace public, la famille, le développement durable, le microcrédit, la promotion des capabilités humaines – ces droits humains mis au jour par Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998, et excellemment présentés par le professeur Michel Bonvin – sont convoqués comme autant d’incarnations pratiques du bien commun. D’un point de vue anthropologique, la contribution la plus marquante est celle de Patrice Meyer-Bisch sur le « mal commun », né de l’humiliation des personnes. Je note également l’approche du bien commun dans les entreprises et les administrations par Jean-Nicolas Moreau. Dans ces collectivités asphyxiées par l’accumulation des réglementations, décrets, procédures, rubriques et protocoles – autant de symboles d’une modernité qui voudrait dépasser ses limites –, le bien commun est l’antidote qui permet à chacun de surmonter les crises inhérentes à tout organisme complexe. Bref, dans toute situation sociale, le bien commun désenclave chaque opérateur et chaque partenaire et permet un meilleur ajustement bénéfique pour tous.
Source : https://www.revue-etudes.com/article/le-bien-commun-par-dela-les-impasses-18819