Dans la newsletter « Lundi Matin », l’auteur de science-fiction Alain Damasio livre un texte dans lequel il appelle à déployer des ZAD comme Zones Abondamment Désirables, pour promouvoir les pratiques alternatives basées sur la mise en commun et la réinvention de la propriété.
Extrait :
Des champs réinvestis dans les Cévennes, des corps de ferme remontés ou créés en Bretagne, des phalanstères à Ouessant et des écoles de la terre en Corrèze, des sites où l’on se forme, se transforme, désapprend et prouve que la vie est plus intense hors des réseaux de désirs piégés du capital. Ici tout est mis en commun : matériel, terre, savoirs, outils, productions.
Ça et là, par touches et tâches, portés par la jeunesse sans horizon, les Zones-Abondamment-Désirables forment des touffes, puis des buissons, puis une véritable friche sur la terre sèche du libéralisme. Le territoire national se troue, les poches communardes font comme un confetti joyeux sur les cartes. La Police n’y peut rien, n’a même plus le droit d’intervenir car ces hectares ont été achetés pour devenir inachetables, irrécupérables, ingouvernés. Là se nouent et vibrent les liens qui libèrent, dans tous leurs composantes : liens à la nature, aux animaux, au végétal, aux arbres qui se parlent ; liens aux autres qu’on écoute et accueille, avec qui l’on co-construit, co-fabrique, discute, s’engueule, s’affirme, grandit ; liens aussi retrouvés avec soi, les forces coupés ou fragmentés en nous. Et liberté d’éducation, de production, de travailler ou non, liberté des savoirs, propriétés ouvertes et annulées, existences connectées et déconnectées, justice autogérée, Communs partout.
Source : Lundi matin.