Elias Boisjean a publié le 11 décembre 2019 dans la revue Ballast, un texte inédit autour du théoricien étasunien Murray Bookchin.
Depuis quelques années, la pensée du « père » de l’écologie sociale est remobilisée par de nombreux mouvements, y compris au sein des mouvements municipalistes et des communs. En témoigne, par exemple, la publication récente du Guide du municipalisme, coordonné par Barcelona en comú, recensée par les Communs d’abord.
Au mois de novembre paraît un Guide du municipalisme, sous-titré Pour une ville citoyenne, apaisée, ouverte : il est coordonné par le parti Barcelona en común (lui-même composé de militants de Podemos, de la Gauche unie et alternative ou de l’Initiative pour la Catalogne Verts), coécrit par la fille de Bookchin et la mairesse de Barcelone, Ada Colau, et parrainé, en France, par Commonspolis (« un think-do tank au service des réseaux et cultures pour le changement […] [et la] transformation non-violente des conflits par la construction de politiques citoyennes »).
En vis-à-vis à ces nombreux mouvements, l’article de Elias Boisjean propose une mise en perspective critique pour que la pensée de Bookchin nous conduise vers une transformation globale, qui ne pourra se faire, selon l’auteur, qu’à la condition qu’elle se construise sans compromis avec l’ordre social actuel.
Les traductions de Murray Bookchin se multiplient, les biographies et les essais qui lui sont consacrés commencent à former une pile plus qu’honorable. Peu connu de son vivant, le théoricien étasunien, usuellement présenté comme le « père » de l’écologie sociale, a depuis peu le vent en poupe au sein de la gauche. Mais cet intérêt n’est pas sans poser question : convoqué pour son projet révolutionnaire « municipaliste libertaire » (ou « communaliste »), le risque est certain, par la grâce du prélèvement, d’assister à la domestication de son œuvre. De passer, en clair, d’un appel à renverser le capitalisme à l’intégration citoyenniste à l’ordre local et national existant.