Une synthèse de l’excellent livre de Julien Talpin, très intéressant du point de vue des communs et de l’engagement, le livre est à lire en intégralité si le sujet vous intéresse !
L’auteur propose par ailleurs une analyse détaillée des techniques et méthodes militantes « hautement rationalisées » (p. 109), aux antipodes de toute forme de « spontanéisme » (p. 21). En mobilisant des individus « que rien ou presque ne prédisposait à l’engagement » (p. 85), les « organisations communautaires » effectuent un « travail d’unification symbolique » « pour construire symboliquement l’unité des quartiers marginalisés en transcendant les clivages sociaux et ethno-raciaux, et promouvoir les intérêts de ce groupe en défendant des revendications territoriales qui bénéficieront à tous » (p. 92). Pour Talpin, la forte présence de membres des classes populaires au sein des organisations communautaires5 est le résultat direct de « la mise en œuvre de stratégies de recrutement hautement rationalisées » (p. 109). Au-delà des différences entre organisations, Talpin insiste sur le rôle central que jouent les organizers, sur les épaules desquels repose l’essentiel de l’intensif travail de terrain visant à construire causes et mobilisations pour susciter puis pérenniser la participation des habitants des quartiers populaires.
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Ce travail de mobilisation est aussi un travail de façonnage des engagements, qui passe par l’éducation populaire et l’« éducation pratique » (p. 211). Analysant les effets de l’engagement « communautaire » sur les trajectoires individuelles, Talpin montre que la politisation est moins souvent la cause que la conséquence de l’engagement. Dans les termes indigènes, les membres des organisations qui s’impliquent fortement sont appelés des « leaders ». L’enquête donne bien à voir l’importance qu’accordent les
Source : Julien Talpin, Community organizing : De l’émeute à l’alliance des classes populaires aux États-Unis