Dans le cadre de ses explorations « DataCités » et « Mobility as Networks », le Lab OuiShare / Chronos publie une interview de Jean-Louis Missika, adjoint à la mairie de Paris sur les questions numériques, à propos de l’enjeu des données sur les territoires. Il évoque notamment la question des données conçues comme un bien commun, à partager mais aussi à protéger, notamment vis-à-vis des grandes plateformes numériques.
https://youtu.be/-dxjpPr2ITY
Extrait :
Nous vivons la révolution de l’économie de la contribution, ou de l’économie de la multitude. C’est à dire que les réseaux sociaux et les services partagés sont nourris d’informations produites par des contributeurs, qui permettent d’améliorer la situation de la communauté, qui elle-même participe au réseau.
Waze est un exemple typique, à savoir que c’est l’information qui est fournie par les membres de la communauté qui va permettre d’améliorer la performance du moteur de recommandation. Ces données peuvent être considérées comme des communs, des données d’intérêt général.
Je remarque que la loi sur le numérique française a été l’une des premières au monde à considérer ce concept de donnée d’intérêt général. C’est à dire à ne pas juger la donnée en fonction de son producteur, la donnée publique versus la donnée privée, mais en fonction de son usage et de l’intérêt qu’elle peut avoir pour la collectivité. Cette percée conceptuelle est assez intéressante parce que justement cela va permettre de donner accès ou de contraindre l’accès à un certain nombre de données qui sont privatisées ou privatisable qui, parce qu’elles sont d’intérêt général, devront être mises au pot commun dans une logique de type share-alike.
Aujourd’hui cette révolution n’est pas du tout maîtrisée par le législateur. On sait que dans la course entre le législateur et l’innovateur c’est toujours l’innovateur qui a un temps d’avance. Le régulateur essaie de trouver des solutions nouvelles, mais souvent il est confronté à des problèmes de territoire, c’est à dire que l’innovateur son échelle est mondiale, tandis que le régulateur son échelle est nationale, ou au mieux européenne.
Il va avoir beaucoup de mal à réguler une société comme Google qui va proposer des outils, mais qui est déterritorialisée. C’est à dire indépendante du territoire par rapport auquel il est possible de définir une régulation. Tous ces problèmes sont d’une très grande complexité.
Source : Medium / Le Lab OuiShare – Chronos