Article par Catherine Samary, économiste, militante du Nouveau parti anticapitaliste (NPA, France) et membre du Comité international de la IVe Internationale.
Extrait :
La recherche d’alternative à la fois aux privatisations généralisées et à l’étatisme de l’ancien système soviétique explique l’intérêt des réflexions autour de la question des « communs ». Il n’existe pas d’approche unique et univoque de ce sujet. On rejoindra ici celle qui met l’accent non pas sur la « nature » de divers biens – d’où se « déduiraient », selon ces thèses naturalistes, des formes de gouvernance adéquates – mais sur des démarches collectives de personnes qui décident de mettre en commun des biens de diverses natures (dans un espace qui peut être très divers) et établissant ensemble les règles qu’elles appliqueront (96).
Mais ces débats ignorent la richesse des discussions et propositions soulevées sur la « propriété sociale » dans la Yougoslavie autogestionnaire des années 1960 sur la base d’une expérience sans précédent. Une telle ignorance a bien évidemment été renforcée soit par une défiance envers des droits introduits par « en haut » (dans un système qui restait de parti unique, même s’il était assoupli), soit par la conviction qu’il s’agissait d’une utopie – les deux postures étant d’ailleurs renforcées par la fin dramatique de la fédération et du système yougoslaves. Mais l’évacuation (ignorance) de ce passé rejoint alors sans le vouloir, l’opération idéologique qui a accompagné de diverses manières la contre-révolution néolibérale, « démontrant » l’impossibilité d’une gestion « collective » efficace.