Dans la revue Annales de géographie 2022/2 (N° 744), Ilaria Casillo et Nicola Capone proposent un éclairage sur les pratiques d’occupation revendicative de lieux délaissés en Italie ou leur gestion collaborative en biens communs. L’article, intitulé Du squatting au standing up : dynamiques d’appropriation et gestion citoyenne et participative de 11 espaces napolitains, est disponible sur Cairn.
Dans les villes contemporaines, les pratiques d’occupation revendicative de lieux délaissés ou de gestion collaborative de Biens communs sont désormais très répandues. Elles représentent autant de pratiques qui questionnent non seulement la dimension agonistique (Mouffe, 2010) de l’espace et son gouvernement, mais aussi la relation renouvelée aux formes de pouvoir et de démocratie. Cette contribution vise ainsi à questionner la dimension spatiale de ces expérimentations démocratiques sous un double angle : celui des voies démocratiques qu’elles ouvrent et celui des innovations juridiques qu’elles produisent, notamment en termes de droit. L’étude du cas de la ville de Naples et de 11 espaces gérés par des collectifs nous permettra de montrer comment les pratiques de gestion citoyenne de ces espaces sont passées d’une logique qu’on pourrait qualifier de squatting, d’occupation ou de conflits, à une logique de standing up, de résistance et d’insurgence. Ces espaces occupés et autogérés ont été reconnus par une délibération du conseil municipal qui leur a attribué le statut juridique de Biens communs « à usage civique ». Nous montrerons qu’une telle institutionnalisation juridique fait de ces espaces de véritables « normes de reconnaissance » permettant au législateur d’identifier les biens qui servent à l’exercice des droits fondamentaux et de besoins socialement importants.