Le magazine Usbek & Rica publie cet été en ligne une série d’articles tirés de la revue Visions solidaires pour demain. Le second est consacré aux rapports complexes entre les notions d’intérêt général et de bien commun. LE bien commun est aujourd’hui distingué dans la plupart des cas DES biens communs, mais l’article montre les liens qui existent entre ces deux notions, ainsi que leurs rapports avec le concept classique en France d’intérêt général ou le buen vivir (bien vivre) d’Amérique du Sud.
Extrait :
Le glissement sémantique du « général » vers le « commun » pourrait dès lors témoigner d’un désir de rééquilibrer le rapport de force entre individus et État. Les individus chercheraient à reprendre une part de contrôle dans les mécanismes de gestion de la vie en société. Être citoyen signifierait moins respecter ses devoirs en échange de la garantie de ses droits que participer à la société, y apporter son intelligence, son temps, ses compétences, tout en pouvant décider de la nature de sa contribution.
L’essor de l’économie collaborative ou des mouvements citoyens (#MaVoix, Nuit Debout, Podemos, Occupy Wall Street, etc.) témoigne d’une défiance grandissante vis-à-vis des institutions de l’État et marque une évolution vers une société plus horizontale. De la légitimité des « pères », nous assistons à l’émergence d’une légitimité des « pairs »1, préférant un bien commun établi ensemble – mais quel « ensemble » ? – auquel on adhérerait pour s’enrichir des uns et des autres, à un intérêt général abstrait imposé par le haut, tel un ordre moral auquel on ne pourrait rien changer, rien apporter et auquel il faudrait se soumettre. Mais encore faudrait-il s’entendre sur le sens de ce que chacun entend par « intérêt général ».
Source : https://usbeketrica.com/article/de-l-interet-general-au-bien-commun