Sur le site NonFiction, Christian Ruby publie une recension de l’ouvrage « La condition sociale moderne. L’avenir d’une inquiétude » écrit par Danilo Martuccelli, professeur de sociologie à l’université Paris-Descartes. Le livre présente les résultats d’enquête de terrain et propose de nouveaux concepts pour penser l’ère des individus et du « commun ».
Extrait :
Le commun
Cette question est centrale, tant dans la recherche de Martuccelli que dans les discussions publiques contemporaines. Par exemple dans Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle, C. Dardot et P. Laval posaient que le « commun » peut être cerné comme un trait spécifique à certains bien susceptibles d’un usage collectif ; que l’usage de ces biens communs peut être analysé et valorisé à partir d’une révision de l’exploitation propre au capitalisme contemporain, au fur et à mesure que la privatisation du commun devient un problème central du capitalisme cognitif contemporain et que la production élargie des formes de vie devient la base de la plus-value. Cette perspective correspond bien, par ailleurs, à la thèse développée par Michale Hardt et Antonio Negri dans Empire. On peut encore réhabiliter le commun comme figure de la coopération et de la pratique. Enfin, on peut donner au « commun » un caractère plus existentiel, montrant que la dimension d’être « avec (les autres) » est constitutif de l’individu. Pour amplifier la réflexion sur cette catégorie encore confidentielle de commun, il faudrait encore tenir compte des appels moraux au commun, des appels politiques à la « restauration » du commun, etc., ces styles de discours un peu crépusculaires portant néanmoins sur la vie sociale contemporaine.
Source : https://www.nonfiction.fr/article-9079-la-theorie-sociale-au-defi-du-xxie-siecle.htm