Du 20 au 22 novembre 2019 se tiendra à Saint-Étienne un colloque intitulé « Vous avez dit « espace commun » ? Nouvelles pratiques, éthiques et formes sensibles de gouvernance de la ville et du territoire ». Programme en ligne.
Comité d’organisation : Silvana Segapeli [ENSASE] en collaboration avec les responsables des sessions thématiques: Francesca Bragaglia [Politecnico di Torino/DIST], Daniela Ciaffi [Politecnico di Torino/DIST], Luna d’Emilio [ENSAL, Réseau ERPS/ENSASE], Benedetta Giudice [Politecnico di Torino/DIST], Kader Mokkadem [ESADSE], Maria-Anita Palumbo [ENSASE], Davide Rolfo [Politecnico di Torino/DAD], Magali Toro [ENSASE], Marco Santangelo [Politecnico di Torino/DIST], Angioletta Voghera [Politecnico di Torino/DIST]
Présentation
Les réseaux de collaboration civique sont aujourd’hui déterminants dans la construction sensible d’un regard différent sur la ville post-industrielle et les principes qui guident ses transformations, notamment via les espaces publics.
Interroger les espaces de vie de quartier devient alors une manière de comprendre le rôle des nouvelles formes de gouvernance dans la définition d’un horizon post-capitaliste, ouvert à l’exploration d’alternatives soutenables de co-design et co-construction. Quels régimes de partage, quelles connaissances et quelles pratiques de citoyenneté active se profilent comme éléments d’innovation ?
Le rôle des cultures urbaines a changé dans le temps, dans les dernières décennies l’institution des Commons comme mode de résistance à la privatisation exaspérée du capitalisme et la structuration sociale selon une forme hétérarchique (Citton 2018) dotée d’une pluralité des systèmes de valeur, construisent un paysage commun intéressant, à explorer.
Turin a été choisie comme cas d’étude pour la multiplicité des chemins de transformation pris en réponse aux processus de désurbanisation et de paupérisation des territoires post-industriels. L’adoption d’une série de programmes de régénération urbaine, déjà à partir des années 1990, et le lancement récent du projet européen Co-City, manifestent une volonté de rénovation des dispositifs de relation entre les citoyens et l’administration.
D’autres villes européennes (Berlin, Vienne, Bruxelles, Grenoble, Athènes, etc.) et extra-européennes (Medellin, Détroits, etc.) sont également en train d’expérimenter de nouveaux protocoles d’intervention dans les espaces de vie de la ville, qui sont à la fois terrains de rencontre, de partage, d’innovation urbaine ainsi que réserve de la pluralité des formes sensibles de résistance et de remise en question des politiques d’esthétisation.
Les pratiques basées sur la collaboration et la coopération peuvent produire de nouvelles formes d’organisation spatiale, de relations sociales et de nouvelles manières de concevoir la vie quotidienne. Une forme différente de créativité est en train de se configurer grâce aux pratiques du Commoning ; d’après Stavros Stavrides ce sont ces pratiques, qui ne sont pas nécessairement nouvelles mais chargée d’un nouveau sens, qui ouvrent l’univers des possibles : « Emergent communities of creators and users of city space: insn’it this a prospect that transform city space to common space, to space-as-commons?” (Stavrides, 2015)
Les axes
Les propositions de communication se réfèreront à l’un des six axes énoncés ci-après :
1. Axe Entre innovation et héritage dans les formes citoyennes de cogestion des communs : excursus international
La ville contemporaine, d’Est en Ouest, du Nord au Sud, est observée comme le lieu d’émergence de formes de cogestion et de co-design, une sorte d’ « usine de production du commun » (Hardt, Negri). Comment dans les différents pays, au sein de diverses cultures et situation socio-politiques, les individus arrivent à instituer le commun dans les lieux publics et à mieux gérer les ressources communes ? Plusieurs projets de réactivation urbaine et nombreux modèles de gestion citoyenne sont en train d’être expérimentés, partout sur la planète, à partir d’outils et dispositifs différents, selon les communautés impliquées et selon les échelles d’action. Une réflexion élargie et « décentrée » s’impose alors sur cette « nouvelle culture urbaine », sur ses multiples manifestations à échelle internationale voir sur ses racines et ses héritages de modes de gestion partagés qu’il s’agit aujourd’hui de redécouvrir.
2. Axe Ruralités contemporaines et espaces partagés : enjeux, imaginaires, pouvoirs d’agir
Dans une optique post-capitaliste, s’intéresser au statut des territoires ruraux contemporains constitue une occasion pour poser sous un nouveau jour la question des complémentarités ville-campagne, dans une optique de bien commun. De nombreuses formes d’action parcourent les territoires hors de la métropolisation, dont il est opportun de mesurer la portée en termes d’imaginaire, de rapport aux ressources, de pouvoir d’agir (capabilities). Dans ce cadre, quel est le statut de l’espace public dans les territoires situés en dehors d’un référentiel urbain ou métropolitain ? De quelle manière l’intervention sur ses formes et ses matérialités, jointe à un questionnement sur les processus de projet (chantiers participatifs, initiatives habitantes, processus de co-design) et le statut de l’espace (au-delà de la dichotomie public-privé) constitue-t-elle une occasion pour poser les bases d’un travail sur les biens communs ?
3. Axe Ville sensible et ses formes de représentation
L’esthétique de la ville semble être actuellement dépassée par les logiques de l’urbain. Elle peine à se réaliser dans des projections collectives et les institutions traditionnelles n’arrivent plus, faute d’horizon commun, plus exactement faute de représentations communes des espaces urbains, à en constituer une représentation sensible partagée.
C’est ce moment particulier que la session-atelier cherchera à penser au regard :
– des pratiques d’images en milieu urbain : photographie, cinéma, etc.
– des pratiques d’organisation des espaces communs urbains : urbanisme, art, etc.
– des pratiques d’expérimentations sensorielles des espaces communs urbains
– des pratiques collaboratives et participatives
4. Axe Le projet à l’épreuve des communs. Travaux pédagogiques
La thématique des Commons interpelle de différentes manières le terrain de la pédagogie. L’étude des espaces communs s’ouvre à l’ensemble des disciplines qui s’occupent des transformations urbaines et sociétales. Plusieurs questions se posent dans ce cadre :
– Comment représenter l’analyse de tels espaces urbains ?
– Quels sont les formats pédagogiques les plus pertinents ? (Ateliers de projet, workshops, séminaires, cours ex-cathedra, etc.). À quelles expérimentations de pédagogie inversée donnent-ils lieu ?
– Comment prendre en compte, dans la définition du cadre didactique de travail, les apports provenant du riche et complexe système d’acteurs, extérieur à celui de l’université ?
– Comment transférer dans les pratiques les résultats de ces expériences pédagogiques ?
5. Axe Pratiques de résistance, pratiques de citoyenneté
La session est ouverte aux contributions qui s’intéressent aux pratiques quotidiennes de construction et production de la ville et de la citoyenneté, donc relatives aux espaces et aux activités qui y sont conduites, dans leur relation avec la notion de Commons. L’enjeux principal concerne le rapport entre pratiques alternatives, collaboratives, conflictuelles, oppositives et l’univers de Commons, pris en compte comme cadre formel, procédural et culturel, à qui il appartiendrait de réduire l’hétérogénéité des expériences existantes et réalisables.
Les contributions attendues peuvent concerner les sujets suivants, tout en restant ouvertes aussi à d’autres propositions hors du cadre établi:
• Dans quel degré, la notion de Commons est-elle compréhensive ou exclusive vis-à-vis de la myriade de pratiques de constructions et productions des villes contemporaines et, donc, vis-à-vis de la population qui met en acte ces pratiques ?
• Quel est le rapport entre pratiques urbaines, idée de Commons et citoyenneté (essentiel, formel, juridique, etc.) ?
• Quel est le rapport entre l’idée de Commons comme instrument pour la normalisation de certaines pratiques et la nature essentiellement non normalisée de ces dernières?
• Existe-t-il une idée de Global Commons? C’est-à-dire, une orientation globalisée à l’institutionnalisation de procédures pour faire émerger les Commons?
6. Axe Co-gouvernance des paysages
Cette session aborde une thématique cruciale dans l’aménagement paysager puisqu’il s’agit de traiter de l’efficacité des politiques des plans paysagers à l’échelle locale, avec une attention particulière aux contextes territoriaux sensibles ou fragiles. L’objectif est d’ouvrir un débat sur des expériences qui assurent, comme perspective opérationnelle principale, la co-gouvernance, conçue comme stratégie apte à garantir la plus grande efficacité dans l’action paysagère.
Le nœud de cette efficacité sera exploré en faisant référence aux règles et instruments, collaboration et responsabilité, forme et projet.
Dans ce cadre, le paysage constitue un laboratoire pour l’expérimentation et élaboration d’actions basées sur la collaboration, en vue de la construction de scenarios partagés.
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