Camille Morel, doctorante et chargée d’études au Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM) consacre dans le revue Etudes un article au statut des câbles sous-marins par lesquels transitent aujourd’hui 95% des télécommunications et du trafic internet mondial. Dans le contexte des tensions géopolitiques que le monde connaît, l’auteure demande si leur reconnaître un statut de « bien commun mondial » ne permettrait pas de préserver cette ressource essentielle.
Extrait de l’introduction :
Les câbles sous-marins, parce qu’ils sont les vecteurs physiques de cette information, peuvent-ils eux aussi être considérés comme des biens communs à protéger ? Vitale pour notre économie comme pour le bon fonctionnement de la société, leur préservation est devenue une priorité. Cependant, mal répartis et trop vulnérables, ils servent un certain type de domination sur l’information, au détriment des grands principes d’internet. La gestion d’un bien commun, supposé ne pouvant être approprié, est une problématique complexe : le laisser à la libre fluctuation du marché ? Faire intervenir l’État ? Parvenir à une gestion collective du bien ? Autant d’interrogations que ni les économistes depuis le XIXe siècle, ni des philosophes comme Aristote et Thomas Hobbes n’ont résolues… L’information soulève ainsi des questions fondamentales de gouvernance. Or, c’est le libre accès matériel à la fibre optique qui garantit celui immatériel à l’information, raison pour laquelle il paraît opportun aujourd’hui de repenser la gestion des câbles sous-marins.
Source : la revue Etudes sur Cairn