Au sein du dossier « Finance et communs. Pour une réappropriation collective de la finance » publié par Ritimo (Passerelle n°23) le 6 juin 2022, Geneviève Fontaine et Amandine Lebrun partagent un article appréhendant l’articulation entre « communs » et « finance » : Financer les communs sans abîmer le commun. À lire dans son intégralité sur le site de Ritimo.
Extrait :
Il peut paraître paradoxal de rapprocher finance et communs. D’un côté le mouvement de financiarisation des enjeux sociaux et environnementaux passe par la création d’une distance entre financeurs et acteurs, censée être source d’objectivation, au travers d’indicateurs normés alimentant le marché de l’investissement à impact. De l’autre côté, les communs réactivent des relations de proximité non exclusivement marchandes en donnant à chacun·e une place de sujet dans la définition autonome des règles de la communauté qui les fait advenir.
L’imaginaire néolibéral a retiré aux États le soin de prendre des risques et d’investir pour le bien commun et a confié à la finance globalisée le monopole de cette gestion des risques notamment sociaux et environnementaux. Même les instruments de la politique d’aide au développement (Agence française de développement – AFD) ont été transformés pour devenir des dispositifs financiers gérant des risques et des investissements à impacts.
En France, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est confrontée au même processus avec l’imposition d’une monoculture de l’évaluation autour de la mesure d’impact censée permettre aux acteurs de la finance de sélectionner les meilleures réponses aux besoins sociaux, générant ainsi des coûts évités pour les finances publiques. L’enjeu est donc pour le mouvement des communs de s’appuyer sur l’histoire longue de l’ESS et de l’aide au développement pour refuser d’ouvrir leurs portes à l’imaginaire néolibéral en évitant de réfléchir à leur financement à partir de solutions les rendant financiarisables et intégrables/appropriables par le système capitaliste néolibéral actuel. S’il s’agit de proposer des solutions pour financer les communs alors il s’agit avant tout de chercher à décrypter ce que ces solutions peuvent faire aux communs.
Que signifie alors “financer les communs” ? Par qui et pourquoi cette question est-elle posée ?