(…) Ce qui nous lie, c’est la défense, la récupération et le soin des milieux de vie, la pluralité des mondes terrestres, menacés par une machinerie guerrière qui s’attaque au vivant sous toutes ses formes, humaines et autres qu’humaines. Comment se projeter dans un monde secoué par le chaos climatique, l’effondrement du vivant, la précarité sociale, l’autoritarisme et la guerre ? Comment vivre ensemble et apprendre de nos expériences présentes et passées, ici et ailleurs? Comment « faire école » pour s’inscrire dans la durée ? (…)
L’initiative Reprises de savoirs lance un appel Les chantiers pluri·versités / été 2022 :
Venus d’horizons divers, nous sommes des étudiant.e.s, chercheuses et chercheurs, enseignant.e.s refusant l’hégémonie de savoirs excluants et souvent destructeurs, des déserteurs de l’Éducation Nationale et de la Recherche, des militant.e.s de l’éducation populaire, des activistes engagé.e.s dans des lieux et des expériences visant à la reprise d’une autonomie politique et matérielle.
Nous nous sommes rencontré.e.s depuis plusieurs années et de manière informelle autour d’expériences d’écoles de la Terre en divers lieux, sur des zones à défendre, au sein de luttes pour les communs, autour de l’appel pour les Soulèvements de la Terre, lors des enquêtes et rencontres Reprises de terre, dans des cantines populaires.
Ce qui nous lie, c’est la défense, la récupération et le soin des milieux de vie, la pluralité des mondes terrestres, menacés par une machinerie guerrière qui s’attaque au vivant sous toutes ses formes, humaines et autres qu’humaines. Comment se projeter dans un monde secoué par le chaos climatique, l’effondrement du vivant, la précarité sociale, l’autoritarisme et la guerre ? Comment vivre ensemble et apprendre de nos expériences présentes et passées, ici et ailleurs? Comment « faire école » pour s’inscrire dans la durée ?
Les institutions de transmission et de production des savoirs, Éducation Nationale, Université fondent leur légitimité sur la production de « savoirs experts », uniformisés, sélectifs, qui subordonnent de plus en plus les connaissances à l’agenda industriel, à l’efficacité, aux logiques productivistes et concurrentielles, à l’adaptation aux chocs écologiques et sociaux. Elles sont déconnectés des nécessités et connaissances vitales auxquelles nous confrontent les chocs écologiques et la désolation sociale.
D’un autre côté, des expériences et lieux multiples, ancrés dans des territoires, mettent en lumière des savoirs marginalisés, déniés, souvent méprisés. Ce sont des lieux de recherche, d’enquête, de réflexions, de création, qui réévaluent les savoir-habitants, les savoirs sensibles, les savoirs de subsistance, des savoirs terrestres ancrés dans les manières d’habiter et de faire société, attentifs à dépasser les dominations qui excluent, humilient et minent nos mondes communs.
Voilà pourquoi nous appelons à investir cet été des chantiers collectifs un peu partout en France. Ils se tiendront dans des lieux déjà existants, qu’il s’agit aussi de renforcer et relier, des lieux en construction ou à inventer. Ils se dérouleront dans le cadre d’une vie collective et autogérée, attentive au soin des personnes, des lieux, des groupes. Soucieux de la pluralité des savoirs et des manières de les transmettre, inspirés d’expériences et réflexions passées et présentes, ils mêleront, en les décloisonnant, des temps forts de travaux manuels collectifs, des temps de partages de savoirs plus théoriques, des temps de création et de fête. Ils seront une ébauche pour l’invention de Pluri·versités de la Terre.
=> Retrouver sur le site la liste des chantiers Pluri·versités été 2022
Concrètement, chaque chantier s’organise autour d’une envie ou d’un besoin concret d’un lieu ou d’une lutte. Dans leur fonctionnement, ils ont vocation à entremêler transmission et partage des savoirs terrestres et conviviaux, espaces de questionnement et mise au travail collective au service des lieux qui les accueillent, que ce soit à travers un acte de construction (four à pain, murs en pisé,…) , un travail d’enquête collective, une production artistique, une mise en culture de terres maraîchères, ou encore des pratiques botaniques ou naturalistes, etc. C’est une proposition décentralisée, et autogérée, chacun·e est responsable d’elle même et des autres.