Fondée en 2008 par un collectif de chercheurs en économie et sociologie, la Revue Française de Socio-Economie se positionne au carrefour des sciences sociales de l’économie et défend la pluridisciplinarité de la recherche.
Elle lance un nouvel appel à articles autour de l’actualité des travaux de Karl Polanyi. Cet appel à articles vise à interroger la pertinence des thèses de Karl Polanyi, et/ou de leurs réinterprétations, pour comprendre, analyser et décrire les mutations des capitalismes. Il est ouvert à toute perspective disciplinaire (histoire, anthropologie, gestion, sociologie, économie, science politique, philosophie, etc.) et méthodologique (interrogation théorique ou épistémologique, analyse appliquée, réflexion méthodologique, etc.).
Informations : http://rfse.univ-lille1.fr/fr/news/appel-articles-ouvert-jusquau-30032020
La date limite d’envoi des articles est fixée au 30 mars 2020.
Historien, anthropologue, économiste, sociologue, Karl Polanyi [1886-1964] est un auteur très emblématique des sciences sociales. C’est aussi un auteur-frontière qui fait dialoguer entre elles les sciences sociales. Sans être jamais complètement assimilé à l’une d’entre elles, il occupe souvent -hormis peut-être en anthropologie- une place à la fois éminente et un peu marginale. Cet auteur atypique connaît une actualité récente.
Au plan politique, cette actualité est liée la prise de conscience des menaces qu’un capitalisme non régulé fait peser sur la stabilité des régimes démocratiques. Le lien qu’opère Polanyi dans La Grande Transformation (1944) entre libéralisme économique et dégénérescence fasciste semble aujourd’hui une clé pertinente de compréhension de la résurgence des mouvements d’extrême droite en Europe et dans le monde.
Sur le plan théorique, des parutions récentes de Jean-Louis Laville, Isabelle Ferreras ou Jérôme Maucourant, et des mouvements vers des formes alternatives d’économie, interrogeant la nécessaire hybridation des sciences sociales, indiquent la vivacité des questions que pose Polanyi, ne serait-ce qu’au travers de l’opposition entre « économie substantive » et « économie formelle », ou bien encore à travers sa revendication de la multiplicité des types d’organisation de la circulation des marchandises (telles ses quatre « formes d’intégration » : domestique, réciprocité, redistribution et échange).
Cette actualité ne va pas sans interrogations critiques des interprétations de Polanyi, qui forment autant de lignes de réflexion, pratiques et théoriques :
– son interprétation de la notion de marché en termes de marchandisation (notamment dans le temps long),
– le hiatus entre sa thèse du (dés)encastrement et sa réinterprétation par la nouvelle sociologie économique (notamment chez Mark Granovetter),
– l’incomplétude de sa description de la « grande transformation »,
– le thème de la socialisation de la production dans une société complexe, que la thématique des communs vient renouveler,
-la pertinence de son cadre analytique pour analyser le champ de l’économie sociale et solidaire relativement à l’économie capitaliste,
– le rôle ambigu de l’Etat, entre institutionnalisation des systèmes de marchés (dits autorégulateurs) et dispositifs visant à en corriger les excès sociaux et environnementaux,
– l’actualité et le renouvellement de la notion de marchandises fictives,
– l’interrogation quant à une éventuelle distinction entre des systèmes économiques non capitalistes et capitalistes
Cet appel à articles vise à interroger la pertinence des thèses de Karl Polanyi, et/ou de leurs réinterprétations, pour comprendre, analyser et décrire les mutations des capitalismes. Il est ouvert à toute perspective disciplinaire (histoire, anthropologie, gestion, sociologie, économie, science politique, philosophie, etc.) et méthodologique (interrogation théorique ou épistémologique, analyse appliquée, réflexion méthodologique, etc.).
Les articles, d’une longueur maximale de 60 000 signes (espaces et notes de bas de page compris), doivent parvenir par voie électronique à : rf-socioeconomie@univ-lille1.fr. Ils doivent impérativement être présentés selon les normes éditoriales de la revue (cf. rubrique Soumettre un article).
Date limite d’envoi des textes : 30 mars 2020