En janvier 2021 est paru aux Presses du Réel l’ouvrage Aesthetics of the Commons. L’effectivité de l’art en commun, édité par Shusha Niederberger, Cornelia Sollfrank et Felix Stalder. Avec des contributions de Christoph Brunner, Daphne Dragona, Jeremy Gilbert, Olga Goriunova, Gary Hall, Ines Kleesettel, Rahel Puffert, Judith Siegmund, Sophie Toupin, Magdalena Tyslik-Carver.
Le texte en anglais est disponible en version PDF en libre accès.
Cet ouvrage est issu d’un programme de recherche intitulé Creating Commons initié en 2017 par Felix Stalder, Cornelia Sollfrank et Shusha Niederberger à l’Institut de recherche en art contemporain, Université des arts de Zurich. Celui-ci a été financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique et mené en coopération avec HeK (House of Electronic Arts Basel).
L’effectivité de l’art en commun
Que peuvent avoir en commun un serveur féministe, un espace artistique situé dans un parc public du nord de Londres, une bibliothèque « pirate » de grande valeur culturelle mais au statut juridique douteux, et une école d’art qui met l’accent sur la collectivité ? Ils démontrent chacun à leur manière que l’art peut jouer un rôle important en imaginant et en produisant un réel très différent de ce qui est actuellement hégémonique ; que l’art a la possibilité non seulement d’envisager ou de proclamer des idées théoriques, mais aussi de les réaliser matériellement.
Aesthetics of the Commons examine une série de projets artistiques et culturels – tirés de ce que l’on peut vaguement appeler le (post)numérique – qui relèvent ce défi de différentes manières. Ils ont cependant en commun le fait d’avoir un « double caractère ». Ils sont artistiques dans le sens où ils se positionnent par rapport aux systèmes culturels et artistiques (occidentaux), développant des positions discursives et esthétiques, mais, en même temps, ils sont « opérationnels » dans le sens où ils créent des environnements récursifs et des ressources librement disponibles dont les usages dépassent ces systèmes. Le premier aspect soulève des questions sur le type d’esthétique qui s’incarne, le second crée une relation avec le concept plus large de « commun ». Dans Aesthetics of the Commons, le bien commun est compris non pas comme un ensemble déterminé de principes auxquels il s’agirait d’adhérer pour correspondre à une définition, mais plutôt comme un « outil de réflexion » – en d’autres termes, l’intérêt du livre réside dans ce qui peut être rendu visible en appliquant le cadre du bien commun comme un dispositif heuristique.
Programme de recherche Creating Commons
Le projet de recherche « Creating Commons » explore les pratiques interstitielles qui ouvrent l’espace entre l’art et les communs. Ils remettent en question les notions établies de la pratique esthétique contemporaine ainsi que des biens communs contemporains, nécessitant le développement d’un nouveau cadre théorique et esthétique pour ce domaine émergent. Les questions de cadrage de la recherche sont : – comment de nouvelles formes d’organisation et de collaboration peuvent-elles faire naître différents types d’œuvres culturelles et de relations sociales ? – comment s’articulent les nouveaux rapports de propriété ? – comment les pratiques artistiques peuvent-elles contribuer au développement ultérieur des communs en tant que formes d’organisation inclusives, diverses et démocratiques ? – quel rôle l’art et une compréhension élargie de l’esthétique peuvent-ils jouer dans l’avancement des communs en tant que projet politique ? Nous pensons qu’il s’agit de questions urgentes, car les communs constituent des réalités en constante évolution allant au-delà de la commercialisation croissante de la culture et de ses effets néfastes.